Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin?

Jean-Lou Fourquet
Après La Bière
Published in
6 min readNov 3, 2017

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On a parfois des sujets de discussions récurrents, on ne cesse de les aborder, d’avoir l’impression d’en faire le tour puis de les revoir émerger au détour d’une bière tel un zombie à qui on pensait pourtant avoir donné le dernier coup de pelle. S’ils renaissent de leurs cendres avec une telle opiniâtreté, c’est peut-être qu’ils touchent en nous des choses qui bougent et évoluent aussi lentement qu’elles sont profondément enfouies. On a un sujet “ritournelle” comme ça avec Jérémie qui resurgit de temps à autres, de la machine à café de Palanca au Père Peinard, en Novembre ou bien en Mai, en 2013 ou bien en 2017, c’est le sujet du collectif et de la coopération.

Yo Jérém,

Alors oui, il faut quand même reconnaître que parfois, une entité humaine, quelque part, c’est une équipe formidablement efficace: on parvient assez vite à un accord avec nous-mêmes, on a souvent plus ou moins la même hiérarchie de priorités, on ne débat pas des heures d’un thème dont on a absolument rien à foutre, on ne perd pas son temps dans des réunions qui ne servent à rien et où “putain mais ça n’avance pas là !!!”. On ne s’auto coupe pas la parole, on s’écoute, on s’implique de la même manière et avec le même engagement. On aime les mêmes projets et on veut y mettre toute notre énergie. On a envie d’arrêter les mêmes aussi, parce qu’au final, ils étaient pas intéressants. Et surtout, à moins d’avoir pris l’édition plomb de Dr Jekyll et Mr Hyde sur le ciboulot au berceau, on partage avec nous mêmes les lunettes avec lesquelles on voit le monde - les seules “bonnes” lunettes d’ailleurs - et par conséquent on a la même vision des problèmes et nécessairement on en a les mêmes solutions. Bref, on se comprend et ça irait tellement plus vite parfois de faire des choses avec une équipe composée de plein de “soi” plutôt que de devoir se coltiner une bande d’incapables.

Alors là, forcément, y a un bisounoursien (j’en connais tellement que je me dis parfois que je dois avoir la double nationalité même si j’ai pas encore eu le courage de faire mon coming out :)) dans la salle qui s’écrit:

“Non mais tu peux pas dire ça, y a que des cons qui ont ce genre de réflexions et qui ressentent ça, moi c’est pas mon cas et puis j’ai pas l’impression que ça soit ton cas non plus”

A ça, j’ai une pressante envie de répondre:

“Ecoute Tinki winki, alors déjà sache que comme le dit Perret “on est tous le con de quelqu’un d’autre” et puis bien sûr que si, ça m’est déjà arrivé de penser que les autres étaient des incapables et plutôt mille fois qu’une. Il m’est arrivé un nombre honteusement incalculable de fois d’être foncièrement convaincu que ma vision et mes propositions sur un sujet donné étaient clairement les plus logiques, les plus intéressantes, les plus pertinentes … les meilleures … tout simplement. Et dans ces moments là, les gens qui ne voient et ne comprennent pas instantanément que “ma” vision, “ma” solution est aussi évidemment meilleure que Macron est de droite - ces gens là, dans mon esprit plein d’amour, de bienveillance et de compassion, sont taxés d’incapables: ils ne sont simplement pas capables de comprendre ce que moi j’ai compris”

Et j’ai peut-être tort mais je pense que ça nous arrive à TOUS de ressentir ça, à un moment ou à un autre (entrecoupés certes de plus ou moins de moment de lucidité chez certains que d’autres).

Alors oui, peut-être qu’en réfléchissant à très court terme, sur un sujet donné, on peut penser que ça serait plus efficace d’avoir sous la main une équipe de mini-soi. Mais comment oser penser qu’on pourrait être compétent sur TOUS les sujets sur lesquels on a un avis (personnellement, je serai alors compétent sur un nombre hallucinant de sujet)? Comment ne pas ressentir que même sur un sujet où on aurait miraculeusement raison, il nous manquerait très probablement tout un tas de compétence pour le résoudre au mieux? Et puis, de toute manière ce n’est tout simplement pas possible de tout comprendre ou bien d’avoir “la vérité”, plus le problème est complexe - et c’est parfois de tels sujets que notre passion nous pousse à tacler - et plus cette vérité, notre vérité doit intégrer la vérité des autres:

Oui en effet, à très très court terme, sur des sujets étroits comme la couleur de nos chaussettes, on détient seul la “vérité” et on va forcément plus vite en solo (encore que certains choisissent de faire ça à deux). Mais pour les projets complexes qui requièrent du monde, de l’envie, de l’énergie et des compétences hyper variées, on est forcément plus proche de cette “vérité” là en collectif? Et on a nécessairement le potentiel d’aller plus loin, non?

Une publicité pour le transport en commun en bus nous donne une illustration courte et drôle du concept en comparant métaphoriquement et sans le savoir la mobilité à un projet complexe:

En collectif, on peut aller plus loin, à partir du moment où on a un but, un objectif qui nous transcende tous: éviter de se faire absorber par un mammifère aspirtout improbable par exemple (tu comprends pas la référence? Pas de ma faute si tu regardes pas les vidéos).

A partir de cet objectif commun, on construit et on compose une équipe qui sera la plus à même de le réaliser, avec nécessairement des profils variés car les tâches complexes nécessitent cette variété. Essayez donc de gagner un match de rugby avec 15 demi d’ouverture ou bien de manger un bobun avec un corps composé uniquement de cerveaux (#pasDeBrasPasDe?), vous saisissez?

Et une fois l’équipe composée, le secret pour qu’elle fonctionne et qu’elle se sublime, c’est que chacun de ses membres soient intimement convaincu de 2 choses:

  1. Que si on remplaçait chacun des membres par une copie conforme de soi, l’équipe fonctionnerait moins bien. Si vous avez un gros ego et que vous vous prenez pour le cerveau de la bande: pensez au fameux corps composé de cerveaux uniquement
  2. Et que si on s’enlevait de l’équipe, l’équipe fonctionnerait également moins bien. Si vous avez un petit ego: pensez au chocolat

Et par “intimement convaincu”, je veux dire qu’il faut non seulement l’ “entendre” et le “comprendre” rationnellement mais qu’on doit surtout le ressentir et en être profondément persuadé, jusqu’au plus profond de soi, jusque dans nos dernières tranches d’ego qui se cachent dans tous les recoins.

La coopération, c’est en quelque sorte dissoudre son ego dans une grande marmite commune pour laisser mijoter une potion magique qu’on appellerait “ego du collectif” ou bien “esprit d’équipe” parce que ça sonne quand même bien mieux!

Pace é Salute,

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"La seule liberté, c'est de comprendre ses conditionnements", chroniqueur à ASI, abonnez vous à la gazette d'apreslabiere.fr : http://eepurl.com/dnS6WD